Culture des arbres Shea (Karité, Nku, Bambuk, arbre à Beurre)

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Description courte

  • Problème:Comment cultiver le karité
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  • Materiaux nécessaires:
  • Zone géographique: Afrique sub-saharienne, du Sénégal jusqu’aux hautes terres éthiopiennes
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  • Combien de personnes?
  • Temps nécessaire?

Introduction

Description et répartition géographique

Le karité ou l’arbre à beurre en français ou encore ″shea tree ou shea butter tree″ en anglais est un oléagineux de la famille des Sapotaceae et n’existe qu’en Afrique. Il pousse à l’état sauvage et est exploité sous forme de produit de cueillette. Il existe deux espèces : Vitellaria paradoxa et Vitellaria nilotica.
On retrouve l’espèce paradoxa dans treize pays en Afrique de l’Ouest et du Centre que sont: le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Centre Afrique, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Tchad et le Togo. En Afrique de l’Est, c’est l’espèce nilotica qui est présente. Elle partage le paysage de quatre pays à savoir: l’Ethiopie, l’Ouganda, le Soudan et le Zaïre. (FAO, 1988a).
La distribution altitudinale du karité varie selon les espèces : l’espèce paradoxa se rencontre entre 100 et 1 300 m, par contre l’espèce nilotica se retrouve à des hauteurs plus élevées (600 à 1 600 m). Le karité a une aire géographique large s‘étendant du Sénégal jusqu’aux hautes terres éthiopiennes (www.thesheanetwork.net) (figure 2).
Des études ont établi que l’odeur typique désagréable du beurre de karité ouest-africain (que n’a pas en revanche celui de l’espèce nilotica d’Afrique orientale) s’acquiert au cours d’une ou de plusieurs étapes de la transformation après récolte, et qu’il est possible de l’atténuer ou d’empêcher son apparition en modifiant ces étapes (Lovett, 2004). C’est probablement pour ces raisons que le nilotica est plus utilisé dans les cosmétiques.


Figure 2 : Aire de distribution du karité
Au Bénin, on rencontre Vitellaria paradoxa, à l’état de peuplements naturels, et sa zone géographique de prédilection va de la région du fleuve Zou, au niveau de Atchérigbé jusqu’à la hauteur de Malanville (Gbanhoun, 1993), au nord du pays où l’influence sahélienne semble briser son extension.
Il est présent, en densités variables, dans le paysage de toutes les communes de l’Atacora et de la Donga . Le karité est l’une des espèces forestières alimentaires épargnées des grands défrichements (production extensive du coton et culture itinérante d’igname) et pour lesquelles les populations éprouvent un intérêt manifeste. Plusieurs raisons jutifient la protection délibérée et le grand respect des populations à l’égard de cette espèce et sont relatives à l’importance socio-économique de l’arbre et aux multiples services qu’il rend à l’homme.
Le karité est normalement classé parmi les arbres de petite taille ou de taille médiane. Il appartient au type biologique des mésopharénophytes. Sa taille est largement contrôlée par les conditions externes. C’est un arbre à cime très développée. Des arbres de hauteur située entre 15-20 m se retrouvent communément dans les champs cultivés. Dans des aires protégées, les individus peuvent atteindre 25 m, pendant que dans des environnements plus sévères, des arbres âgés ne peuvent atteindre 7 m de hauteur (Chevalier, 1943, Amin, 1990) (figure 3 ).

Figure 3 : Pieds de karité dans un parc
Les arbres âgés de Vitellaria paradoxa ont un fût court, habituellement entre 3-4 m mais exceptionnellement, ils peuvent atteindre 8 m (Chevalier, 1943; Vivien, 1990), avec un diamètre situé entre 0,3 m et 1 m, mais plus fréquemment 0,6 m (Delolme, 1947; Chevalier, 1948) et exceptionnellement 2m. La forme des arbres âgés est variable: ronde, fusiforme, forme de parapluie, ou de couronne. Schreckenberg (1996) a classé la forme de la sous espèce paradoxa à Bassila au Bénin en érigé et rond. L’arbre a une cime arrondie assez ouverte. L’écorce a des écailles épaisses et carrées grises ou noirâtres. La tranche est rougeâtre, exsudant du latex. Les ramilles épaisses sont marquées de grosses cicatrices foliaires.
L’optimum écologique du karité se situe dans la savane Ouest africaine. Plus limité dans son amplitude géographique, le karité dépasse rarement l’isohyète 750 mm contrairement au Prosopis africana et au Faidherbia albida. C’est une espèce de conditions édaphiques moyennes. C’est un arbre typique des aires cultivées, communes localement, abondant et disséminé.
Une précipitation annuelle de 600 à 1 500 mm est convenable à une bonne production du karité. Il évite les sols marécageux soumis aux inondations prolongées, les sols argileux humides et lourds ou les cours d’eau, les sols caillouteux et les glacis. Selon le Mémento de l’Agronome Ed. 1998, l’optimum de production est obtenu sous climat soudanien avec une chute d’eau annuelle de 500 à 1 000 mm avec un maximum en août et une période sèche de 5 à 8 mois. Chaque arbre en âge de produire donne en moyenne 2,2 kg/an d’amandes sèches de karité. Ce chiffre se rapproche des données publiées au Mali qui situent cette valeur entre 3 et 4 kg /an (Essor n° 15259 du 04-08-2004, quotidien national d’information du Mali).
Le karité se retrouve souvent dans les savanes, les forêts claires, les forêts denses semi décidues par endroits et les forêts denses sèches, formations végétales caractéristiques de la zone des départements de l’Atacora et de la Donga. C’est d’ailleurs une des rares espèces de la famille des sapotaceae à pousser en terrain sec de la zone soudanienne. En plus de cette importance scientifique, le karité revêt aussi une grande importance socio-économique.

Usages du Karité

Le karité est un arbre à usages multiples. Son fruit est une drupe charnue qui contient une noix lisse à l’intérieur de laquelle se trouve une amande. La pulpe de ce fruit, très sucrée peut être consommée directement et représente un apport nutritif non négligeable pendant la période de soudure (figure 4).

Figure 4 : Fruits du karité
Chaque partie de cet arbre a un usage particulier.

  • Les racines, l’écorce et les feuilles ont des vertus médicamenteuses contre la bilharziose, la dysenterie amibienne, la toux, l’ictère, etc.
  • L’écorce trempée dans du lait de vache pendant deux heures traite l’ulcère,
  • La décoction des racines guérit les mycoses chez le nouveau - né par le bain de siège. Les racines mélangées au beurre traite les plaies et jouent un rôle d’antibiotique.
  • Les amandes grillées transformées en poudre à l’aide d’une pierre et passées sur le nombril du nouveau – né en accélère la cicatrisation.
  • Les produits du karité interviennent dans la fabrication des produits de soins de beauté.
  • L’importance de karité trouve surtout sa justification dans la place que l’amande occupe parmi les produits de transformation que traitent les femmes rurales et dans les systèmes de fabrication des produits cosmétiques (figure 5).
  • les fruits donnent des huiles comestibles et les pulpes sont consommées par les enfants et les bêtes.
  • L’intérêt du karité dans les agrosystèmes des zones soudano - sahéliennes porte essentiellement sur l’association bénéfique aux cultures vivrières. A ce titre, l’igname et quelques légumineuses (l’arachide, le niébé) ont sans contexte un meilleur rendement sous les pieds de karité
  • L’eau résiduelle issue du traitement des amandes en beurre, combat les termites et est utilisée dans la conservation des amandes. Elle est également utilisée pour enduire les murs et maintenir l’étanchéité.
  • Son bois, dur et résistant aux termites est recherché dans l’ébénisterie (MDR, 1994) et donne un charbon de bois apprécié ;
  • Le karité a des fleurs mellifères, très bien recherchées par les abeilles; ce qui fait de lui un lieu d’implantation privilégié des ruches pour l’apiculture traditionnelle (Salle et al., 1991) ;
  • Les chenilles de papillons Citrina butyrospermi, qui se nourrissent exclusivement de feuilles de karité, sont riches en protéines. Elles sont consommées par de nombreuses ethnies et vendues sur les marchés locaux de la sous- région ;
  • L’écorce sert d’encens.


Figure 5 : Amandes de karité
Le beurre extrait des amandes par les femmes est très utilisé dans la préparation des aliments sous forme d’huile végétale. Au Bénin, dans les départements de l’Atacora et de la Donga par exemple, il fournit l’huile alimentaire de base pour les communautés rurales et représente de ce point de vue ce que le palmier à huile représente pour les populations de la région sud. Toutefois, la consommation du beurre de karité dans les centres urbains paraît moins généralisée du fait de la concurrence des huiles claires (concurrence induite notamment par la transposition des modèles occidentaux de consommation) (figure 6).

Figure 6 : Beurre de karité en boules du groupement des femmes « ANTI SUA » de Kouandé
Aussi est-il utilisé dans la pharmacopée (pour soigner les rhumes, foulures et pour cicatriser les plaies), dans la savonnerie (savon Phycos au Burkina Faso par exemple), la chocolaterie et dans la parfumerie et les cosmétiques. En plus de la consommation locale (pulpe, beurre etc.) et l’utilisation du bois sous forme de bois de feu et dans la fabrication du mortier, le karité représente l’un des principaux produits d’exportation de plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Nigéria, Mali). Cet arbre constitue par exemple le troisième produit agricole d’exportation du Bénin après le coton et les noix d’anacarde. Le Bénin est le quatrième producteur d’amande de karité derrière le Mali, le Burkina Faso et le Nigéria.

Description

Difficultés

• Une croissance lente et un temps relativement long d’entrée en fructification (15 à 20 ans) ; ceci réduit l’engouement des populations à planter par elles mêmes. Après 10 mois de séjour en pépinière, les plants suivis ont hauteur moyenne 9,3 cm et 4 feuilles par plant en moyenne ;
•les parasites (Tapynanthus, foreurs de tronc, chenilles etc .) De même, l’arbre est sérieusement menacé par le Tapynanthus, (60% dans la Zone Nord - Ouest - Centre, 62% dans la zone Est et 25% dans la zone Sud), et par les foreurs de tronc (30% dans la Zone Nord - Ouest - Centre, 25% dans la zone Est et 0% dans la zone Sud).
• Les jeunes plants peuvent être mangés par les ecureuils;
• Un très faible niveau des activités de recherche sur le karité ;
• L’insuffisance de maîtrise de techniques de multiplication de l’espèce;
• La non domestication des peuplements de karité : cette situation rend l’estimation de la production aléatoire. A cela s’ajoutent les facteurs climatiques avec une pluviométrie assez capricieuse, les facteurs humains dont les feux de brousse et les coupes frauduleuses des arbres.

Difficultées liées au ramassage des fruits

Quelle est la qualité des noix recommandée au ramassage ? Pour obtenir un beurre de bonne qualité, il importe de ramasser des noix mûres, tombées d’elles mêmes de l’arbre. Les noix germées sont à éviter. Les noix ramassées doivent être conservées en milieu aéré, sec pour leur transformation immédiate. Dans cette activité, des obstacles rencontrés sont élevés. Ils se déclinent en ce qui suit :
• Les morsures de serpents qui sont friands des noix de karité ;
• L’obligation faite à la femme de ne récolter les noix que dans le champ de son mari ;
• La réduction du temps de sommeil ;
• La fatigue liée à de longues marches.
Malgré ces obstacles, les femmes estiment que c’est une activité dont elles ne peuvent se dérober.

Propositions pour lever les contraintes liées au ramassage

• S’agissant des morsures de serpents et de scorpions, il pourra être recommandé que les ramasseuses disposent de gants, de bottes et de boîte à pharmacie. Toutefois, le faible niveau de vie des ramasseuses et la non organisation de la filière karité ne permettent pas à ces dernières d’acquérir facilement de tel matériel de protection. Mais, dans le cadre de l’organisation de la filière, il peut être étudié la possibilité de fournir ces équipements à crédit aux « braves ramasseuses », et cela au même titre que les intrants de la filière coton.
• Dans l’ensemble des treize communes parcourues dans les départements de l’Atacora et de la Donga au cours des travaux de terrain et les différentes ethnies interrogées, il est apparu que la femme ne doit ramasser les noix de karité que dans le champ de son mari. Cette obligation fait que la femme ne dispose pas de la noix à sa guise.
• En s’inspirant de la proposition de la recherche agricole de mettre 100 plants à l’ha pour l’anacardier, de l’expérience de l’Institut de Recherche sur le Cacao du Ghana (CRIG) et en prévision de la mécanisation de l’agriculture, il sera recommandé la même densité pour le karité.
• En ce qui concerne les deux dernières contraintes à savoir : la réduction du temps de sommeil et la fatigue due à de longues marches, il est recommandé d’encourager la mise en place des vergers de karité dans les zones où la disponibilité des terres ne constitue pas une contrainte majeure.
• En outre, à l’instar de ce qui se passe dans la commune de Bassila, il sera aussi possible d’encourager la mise en défends des forêts communales, communautaires et privées dans lesquelles des aménagements peuvent être faits pour accroître durablement la productivité du karité.
• Ces propositions nécessitent le développement de programmes de recherche appropriée relatifs à la maîtrise des techniques de multiplication et de plantation du karité.
En résumé, le karité est considéré partout comme un don de dieu. C’est pourquoi malgré quelques tentatives d’installation de pépinières de production de plants de karité à Djougou et à Péhunco, il n’existe pas de véritables plantations de karité. Aussi, la lenteur de la croissance de l’arbre et la durée trop longue d’entrée en fructification sont- elles des freins qui expliquent la réticence des populations à planter par elles mêmes, bien qu’elles soient conscientes des réelles menaces qui pèsent sur la ressource.

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Bibliographie

Cet article est dérivé de: Jean Z. DAH-DOVONON, Césaire P. GNANGLE 2006 Evaluation des potentialités de développement de la filière karité dans les départements de l’Atacora et de la Donga. Bibliographie détaillée sur le Karité

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