Culture de champignons sur hyacinthe d'eau
Sommaire
Hyacinthe d'eau
La prolifération de hyacinthe d'eau est un problème très préoccupant qui a des répercutions sur tout le cyle de l'eau, l'écologie et l'économie des milieux aquatiques des régions touchées.
La prolifération de la hyacinthe d’eau est le résultat de l'érosion des sol et du lessivage de la couche d'humus riche en nutriment ainsi que des engrais épendus sur les terres cultivées. En conséquence, il est indispensable de protéger les cours d'eau du lessivage des terres en luttant contre l'érosion et en filtrant l'eau de ruisselement, par exemple à l'aide de haies serrées de Vétiver le long des courbes de niveau et le long du lit des cours d'eau. (Voir à ce sujet Comment combattre l’érosion grâce au Vetiver? )
En revanche, la récolte de la hyacinthe d'eau permet de récupérer les nutriments lessivés, car les hyacinthes transforment ces minéraux et nutriments perdus en biomasse de qualité exceptionnelle, aux fibres extrêmement solides et à haute concentration en nutriments.
L'idée
Un groupe de scientifiques, d’étudiants et de doyens de facultés d’agriculture et de ressources naturelles s’est réuni à Windhoek en Namibie, en janvier 1997 à l’invitation du PNUD pour étudier le potentiel d’application de Upsizing, de la Science générative et de Pollution zéro, et ont cherché le meilleur moyen pour réutiliser cette biomasse.
Comme les fibres sont très résistantes, et que le bétail et le gibier ne mangent pas la hyacinthe fraîche ou séchée, la seule option était la meilleure option connue pour la récupération de toute matière fibreuse : la culture de champignons.
Le marché mondial des champignons comestibles est estimé à 9 milliards de dollars et un autre secteur, à usage médicinal, est estimé à près de 4 milliards de dollars et en croissance rapide. Au total, ce marché est équivalent à la taille du marché d’une denrée de base traditionnelle comme le café.
Les champignons et l’Afrique.
Bien que l’Afrique dispose d'environ 30 % de la biodiversité des champignons, elle ne cultive que 0,3 % de la production mondiale, et la majorité de ces cultures provient d’espèces extérieures au continent.L’Afrique ne connaît pas bien sa propre biodiversité et, à cause de la déforestation croissante, l’habitat naturel d’une série d’espèces est en danger alors que leurs propriétés naturelles, qu’elles soient nutritionnelles ou médicales, ont été identifiées.
Il n’existe pas de banque des spores en Afrique ( Comment créer une banque de spores?) qui catalogue, étudie et diffuse les spores necessaires a la cultures d'espèces locales par les fermiers et aux entrepreneurs. Il n’y a que l’Afrique du Sud qui pratique à grande échelle la culture commerciale d’espèces non indigènes, si bien que le Zimbabwe et d’autres pays voisins lui achètent pour satisfaire leur demande intérieure. Cependant de nombreuses espèces africaines, autrefois denrées de base traditionnelles pour les communautés locales, ont un goût unique, de loin supérieur aux espèces importées. Dans le passé, les champignons étaient une culture saisonnière, récoltée pendant la saison des pluies, permettant aux communautés rurales de disposer d’une nourriture riche en protéine. Maintenant, à cause de la perte de l’habitat naturel des champignons, les prix sont hauts. Il y a un potentiel considérable pour les communautés rurales si elles retrouvent cet aliment de base en utilisant la hyacinthe d’eau comme substrat.
Les études de faisabilité.
Les gardiens du parc national de Windhoek avaient observé que les champignons poussaient spontanément sur les piles de hyacinthe séchée en attente de mise en décharge, mais ils n’avaient pas envisagé d’en faire une culture commerciale.
Les scientifiques engagèrent une étude de viabilité dans cinq pays sous la conduite du Professeur S.T. Chang. Un groupe de scientifiques se réunit rapidement à nouveau à l’Université d’Afrique de Mutare au Zimbabwe, et l’opération se déroula sous la coordination de Mme Margaret Tagwira. Les résultats furent impressionnants.
Après neuf jours, le substrat séché provenant de la hyacinthe d’eau produisit des champignons et, une fois récolté, il ne fallut pas plus de dix jours pour réaliser une seconde et même une troisième récolte.
Une tonne de substrat de hyacinthe séchée génère 1,1 tonne de champignons, c’est-à-dire plus qu’à partir de substrats traditionnels très performants, comme la sciure de bois. De plus, comme le substrat issu de la hyacinthe d’eau est riche en minéraux et en nutriments, les champignons cultivés sont enrichis en potassium, magnésium, iode et calcaire, en plus des nombreux autres composants qui sont fondamentaux pour une alimentation saine. En revanche la hyacinthe d’eau peut également absorber des métaux nocifs comme le cadmium et le plomb s’ils se trouvent dans les rivières et les lacs. ce qui signifie qu'il faut limiter l’usage de la hyacinthe comme substrat à des zones où l’environnement des hyacinthes récoltées n’est pas pollué.
Le résidu de substrat de hyacinthe d’eau après la culture du champignon constitue une nourriture riche pour le bétail.
Puisque presque toute la ligno-cellulose a été cassée par les enzymes des champignons, le reste de la substance peut être utilisé pour élever des vers de terre, qui la transformeront en humus. L’humus produit peut être remis dans le sol pour l’enrichir et remplacer une partie de la couche de surface perdue.
Les vers de terre sont par ailleurs une très bonne nourriture pour les poulets.
Le cycle de la biomasse de la hyacinthe d’eau permet également la production de biogaz, généré à partir de déchets et nécessaire pour stériliser le substrat pour les champignons: Le bétail et les poulets produisent du purin qui peut être transporté jusqu’à un digesteur. Ceci évite de recourir au feu de bois pour la stérilisation du substrat.
Le résultat est un système qui génère à la fois des revenus et des emplois et transforme un problème en opportunité.
La faisabilité économique a été aussi démontrée. Entre 60 et 80% du coût de la culture des champignons se trouve dans la préparation du substrat : l’achat du substrat et le coût de l’énergie nécessaire à la stérilisation pour tuer les micro-organismes qui sans la stérilisation seraient en compétition avec les spores. Cependant, lorsque la matière première, la hyacinthe d’eau, est gratuite, et que le coût de l’énergie est limité à l’achat d’un digesteur, le processus devient extrêmement compétitif. Un fermier individuel n’a pas plus de 500 $ à investir pour démarrer une opération, et, après une formation, la première récolte de champignons peut être vendue dans le mois suivant la récolte de hyacinthe d’eau. Les digesteurs conçus par George Chan pour la Grameen Bank coûtent environ 20 $ et durent deux ans. Un équipement plus professionnel et plus industriel peut nécessiter un investissement de 5 000 $ au démarrage d’un digesteur de 10 à 20 m3, mais peut être amorti en un an. Le lancement d’une telle opération est idéal pour la microfinance. ZERI, en coopération avec le PNUD, s’est lancé dans un programme d’implantation rapide et de petites fermes à champignons se sont établies au Zimbabwe et en Namibie.
Contacts et Liens
Mr. Alfons Mosimane, Project Manager
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